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SERVICES Qui paie le vert ?

Lors de ses rencontres, le réseau Farre a mis les pieds dans le plat de la rémunération des efforts environnementaux entrepris par les agriculteurs.

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Les agriculteurs sont aujourd'hui de plus en plus nombreux à faire des efforts pour réduire l'impact de leur exploitation sur l'environnement. En première ligne, les producteurs de Farre (Forum de l'agriculture raisonnée respectueuse de l'environnement) aimeraient ainsi être mieux reconnus et récompensés pour ces services rendus à toute la société. A l'aune des concrétisations des promesses du Grenelle de l'environnement, cette association a donc voulu, le 12 janvier dernier à Paris, à travers le thème de ses quatorzièmes rencontres " Services environnementaux : qui paye ? ", poser clairement la question du financement de ces efforts.

Compensations plus qu'incitations

Les politiques publiques, nationales ou européennes ne semblent pas la meilleure solution. Car les réglementations agro-environnementales, même renforcées dans le cadre de la future Pac, restent vécues par les producteurs comme des contraintes et des compensations plus que des incitations. Pour beaucoup, c'est plutôt l'aval qui rémunère in fine le mieux ces efforts. Les marchés peuvent inciter à produire plus vert par des rétributions appropriées. C'est le cas du programme Lu Harmony mené par Kraft Foods qui achète plus cher le blé sous condition de respect d'une charte. " Le prix n'est pas répercuté sur le consommateur. Une hausse des ventes de 1 à 2 % suffit à financer la démarche ", affirme Jean-Philippe Paré, président de Kraft Foods France. " Celui qui doit payer, c'est celui à qui ça profite le plus ", préconise Christophe Brasset, DG de la coopérative Nouricia.

Notion de qualité élargie

Les consommateurs semblent enclins à acheter plus vert, si l'on en croit Sophie Dubuisson-Quellier, du CNRS. " Le consommateur ne recherche pas forcément le prix le plus bas mais le prix le plus juste ", complète Marie-Jeanne Husset, représentante du magazine 60 millions de consommateurs. Pour elle, la notion de qualité s'élargit à l'environnemental et à la meilleure rémunération du producteur. Mais pour que les efforts agro-environnementaux soient compris et acceptés, il faudrait qu'ils soient plus visibles, c'est-à-dire affichés et étiquetés. Les producteurs de Farre attendent donc avec impatience les promesses gouvernementales en ce sens, à savoir la publication du décret Haute valeur environnementale (HVE) de niveau 3. Chez Farre, on espère aussi une incitation financière pour les agriculteurs certifiés HVE. " Si l'on veut entraîner un maximum d'agriculteurs dans une orientation proactive vis-à-vis de l'environnement, il faut accepter de monétariser les efforts ", insiste Christophe Grison, président de Farre.

Laurent Caillaud

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